Archive | décembre, 2014

Bref, j’étais à Marseille

11 Déc
Marseille. Crédits DJ

Marseille. Crédits DJ

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La faim à l’épreuve de la foi

11 Déc

Depuis le 10 juillet, tous les musulmans fêtent le ramadan, l’un des cinq piliers de l’Islam qui correspond à un véritable travail personnel mais qui se célèbre pourtant en famille. Les Celepci, à Molsheim, ne font pas exception.

Dans la cuisine, Nazmiye, maîtresse de maison, termine les derniers préparatifs avant l’arrivée de ses invités. Ce soir, pour fêter le ramadan, ils seront huit autour de la table. Pour eux, c’est l’un des moments forts de l’année. Il correspond à un choix très personnel : « C’est entre soi et Dieu. Le
faire est une décision très personnelle. Ceux qui décident de ne pas le fêter ne sont pas pour autant de mauvais musulmans », affirme Ali, le fils de Nazmiye et Mevlut. Chez eux, personne ne se sent obligé. Leur conscience est leur seul juge. Avec Dieu. « C’est une période où on se purifie, on se remet en question et on essaye d’être meilleur », poursuit Ali. Le salon se remplit peu à peu. Fatma, l’aînée de la famille est venue avec son mari et ses deux enfants de Bischwiller. Ces derniers sont trop petits pour suivre le jeûne. Les personnes âgées trop faibles ou les malades sont aussi exemptés.
« Le but ce n’est pas de se faire souffrir », lance le jeune homme, alors qu’arrivent Muhammet et Sabria. Difficile d’imaginer que depuis le lever
du soleil ils n’ont rien avalé. Et pour pourtant. Pas une goutte d’eau. Pas une sucrerie. Nazmiye n’a même pas pu goûter du bout de la langue les plats qu’elle a concoctés pour la famille. L’assaisonnement s’est fait à l’expérience. Ce soir-là, c’est à 21 h 21 qu’ils brisent le jeûne en avalant une date et un verre d’eau. Loin d’être une obligation, ce rituel est plutôt une tradition. Ensuite seulement, ils goûteront les mets réalisés par la maîtresse de maison. La soupe de lentille se mange avec un morceau de pain moelleux et aéré. Les börek farcis aux lentilles croustillent en bouche. Les graines de sésames libèrent ce petit goût de noisette et restent de temps en temps coincées entre les dents. Ils s’accompagnent de feuilles de vignes, un véritable rafraîchissement pour le palais.

La foi plus forte que la tentation

Pour cette famille, ce repas est une véritable récompense. « Les premiers jours, c’est difficile, raconte Nazmiye, puis le corps s’habitue. » Sabria, qui est enceinte et qui donc, « passe son tour » cette année, complète : « Ce n’est pas aussi dur que ce qu’on croit ». Pour eux, pas de tentation : « Ce qui donne la force de ne pas craquer c’est la foi, sinon on ne ferait pas le ramadan », affirme Sabit, le mari de Fatma. Après quelques boulettes de viandes englouties, Ali se lève. L’appel de la nicotine. Pendant le ramadan, la cigarette est autant proscrite dans la journée qu’un morceau de pain. « Je suis le premier à sortir de table, alors nous faisons une brève prière », explique-t-il. Tous ouvrent leurs paumes demain vers le ciel et Ali commence à réciter quelques phrases en turc. « Nous avons remercié Dieu pour ce repas et nous avons eu une pensée pour tous ceux qui n’ont pas cette chance », traduit-il. Cette première bouffée de nicotine, il l’attend depuis la nuit dernière. Pendant ce temps, le papa a filé à la salle de prières du centre socioculturel franco-turc de Molsheim. Le repas se poursuit pour les autres. Entre deux gorgées de café turc,Mélina, la petite dernière de la famille récolte toutes les attentions. Il faut dire que la fillette a une sacrée frimousse d’ange. En fond, les publicités de la télé turque défilent, exhibant des paysages magnifiques. « Certains vont en Turquie juste pour le ramadan, c’est très spécial là-bas à cette période. Tout le monde est dehors, c’est la fête tous les soirs », raconte Sabria en avalant un loukoum, ce gâteau très sucré et gélatineux. À côté, son mari Muhammet redemande du café. L’écume de la mousse colle aux parois de la tasse et laisse une petite moustache éphémère au-dessus de ses lèvres. Certains d’entre eux se relèveront plus
tard dans la nuit pour grignoter un morceau. D’autres guetteront le lever du soleil en fumant une dernière cigarette. La dernière avant plusieurs heures.

D. Jung

Crocus sativus: l’or rouge

11 Déc

Patrice Sanchez s’est lancé un pari fou : cultiver du safran, cet or rouge dont la culture est peu connue en France.Un défi dont il compte récolter les fruits dès l’année prochaine, pour en faire profiter ses amis et peut-être les restaurateurs.

L'or rouge. Crédits DJ

L’or rouge. Crédits DJ

L’or rouge pousse en Alsace. À Flexbourg, plus précisément, et dans le jardin de Patrice Sanchez. Passionné de la nature, il possède déjà une pépinière dans les Vosges, dans laquelle il s’approvisionne pour vendre des sapins de Noël.  « Mais j’avais envie d’essayer autre chose. » Il décide donc de se lancer dans la culture du safran.

L’Inde, le Maroc ou encore l’Iran font partie des plus gros producteurs de cette épice considérée comme la plus chère au monde. Mais ce n’est pas sa prestigieuse renommée qui a convaincu Patrice. « Après plusieurs recherches, j’ai découvert que les bulbes de safran résistaient aussi bien à -20 °C qu’à 40 °C. » Mais c’est aussi une multiplication exponentielle assurée : « Fois cinq, affirme Patrice, et s’il y a un bon roulement, on n’a pas besoin de racheter des bulbes, normalement. » Pragmatique, l’apprenti cultivateur se lance dans la recherche sur internet de ses fameux bulbes. « En France,
c’est extrêmement cher, alors j’ai pensé aux Pays-Bas, la nation du bulbe par excellence. » Bingo ! Il fait donc importer 1 200 bulbes du pays des tulipes. « J’avais besoin de grandes quantités pour faire des essais. » Car cultiver du safran ne s’improvise pas. Patrice, en fin connaisseur, met plusieurs années à tester  différentes terres dans lesquelles il plante une série de bulbes. « J’ai essayé dans une terre légère que j’ai achetée, une terre plus lourde, et enfin, une terre enrichie en terreau, à chaque fois sur une surface de 10 à 15 m². » Dans la culture du safran, deux écoles s’opposent : soit la culture se fait sur un cycle de trois ans, durant lequel le producteur attend que le bulbe grossisse. L’autre technique est une culture annuelle où les bulbes sont replantés chaque année. Patrice a choisi la patience. « Ou plutôt la technique fainéante, celle sur trois ans », s’amuse-t-il. Cette année sont apparus ses premiers résultats. Une première récolte: « Je me suis rendu compte qu’un terrain naturel réussissait le mieux à la plante. » Dans une terre souple par exemple, Patrice a observé que ses pousses étaient dévastées par les nombreux nuisibles, comme les mulots. « J’ai perdu 700 bulbes comme ça », avoue-t-il. La terre naturelle, sans engrais quelconque, devrait donc faire le bonheur du producteur. « Je n’ai aucun intérêt à traiter, je ne veux pas en faire une grosse culture. »

Entre 30 et 70 euros le gramme de safran

Il a pu récolter ce mois-ci des fleurs plantées en juillet-août. Mais le travail est fastidieux : « Une fleur peut arriver d’un jour à l’autre. Il faut faire des récoltes journalières et dans l’idéal le matin, avant que les limaces commencent à ravager les fleurs et avant que les rayons du soleil n’altèrent les stigmates, ces trois longs filaments rouges qui entourent le pistil. » Ce sont ces langues de feu qui seront ensuite prélevées. « La technique est simple. Une fois que j’ai cueilli la fleur, je fais tourner un peu la tige entre mes doigts et les stigmates s’enlèvent tout seul. » Il faut ensuite les faire sécher. Et là, c’est système D : « Je les mets au four, mais il faut faire très attention à bien le régler », prévient Patrice. Les détails sont en effet importants, car pour recueillir un gramme de safran, « il faut environ entre 200 et 250 fleurs ». Pas question de gaspiller, donc. Surtout quand on connaît la valeur de l’or rouge qui ne porte pas son nom pour rien. « Un gramme de safran coûte entre 30 et 70 euros, cela dépend », explique Patrice.

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 25 octobre 2012 / pages locales de Molsheim-Obernai.