Archive | octobre, 2014

Le cadeau des animaux

29 Oct

Encore très méconnue en France, la zoothérapie se développe peu à peu. Rencontre avec Sylvie Orlandini et Bénédicte Ruffenach, deux intervenantes en médiation par l’animal.

Erwann rit aux éclats. Crédits D.J

Erwann rit aux éclats. Crédits D.J

Certains contacts sont timides. D’autres plus fusionnels. Parfois, ils sont même incompréhensibles pour celui qui n’en fait pas l’expérience. En tout cas, chacun des huit enfants de l’institut médico-éducatif du Rosier Blanc de Saverne qui vient faire une séance de zoothérapie à la ferme du Coq Alan de Romanswiller vit ce moment différemment. Les personnes qui la pratiquent préfèrent parler de « médiation par l’animal ». « Il s’agit de le mettre en relation avec l’Homme pour susciter une éventuelle réaction. Le lapin ou le chien devient un média », explique Bénédicte Ruffenach, intervenante spécialisée, basée à Marlenheim.

« C’est la première fois que je le vois comme ça »

Cette relation, Simon, l’un des enfants de l’institut médico-éducatif, l’entretient depuis plusieurs séances avec Gaïa, un beau cheval beige à la crinière blonde. « Il se colle contre lui. J’ai l’impression qu’une certaine énergie se dégage de ce cheval », observe Monique, l’une des encadrantes du groupe. Sylvie Orlandini, propriétaire et intervenante en médiation, n’hésite pas à parler de
« coup de foudre ». Le garçon a le regard un peu perdu, mais ne se détache pas de son compagnon. Il lui caresse le poil, joue délicatement avec sa crinière et sourit. Il semble apaisé. Détendu. Comme Erwann. Ce petit garçon, d’habitude en fauteuil roulant, est pendant quelques instants couché sur Praline, l’âne. « Il se détend énormément de cette manière, ça lui fait vraiment du
bien, ça se voit », poursuit Monique tout en le maintenant sur l’animal. Déborah, une autre encadrante, s’approche et pose délicatement sur lui Chamallow, un petit lapin tête de lion. Ses moustaches chatouillent le visage d’Erwann qui rit aux éclats.
« C’est la première fois que je le vois comme ça », se félicite Sylvie Orlandini. Le lapin, le chien ou encore le cochon d’Inde « peuvent déclencher des choses chez certaines personnes », complète Bénédicte Ruffenach. Sylvie Orlandini ne sait pas si d’ordinaire Laura est téméraire,mais en tout cas, elle est la seule à oser approcher de près le gros Gratouille, un cochon bien bruyant. Contrairement à la propriétaire de la ferme qui accueille les enfants pour ses séances d’activités associant l’animal (AAA) dans sa ferme, Bénédicte est itinérante. Elle va par exemple dans les maisons de retraite. « C’est un public qui a souvent eu un
animal à la maison. Le fait d’en apporter un permet de créer parfois des discussions autour du sujet », poursuit-elle. Mais attention, ni l’une ni l’autre ne se considèrent comme médecin :« Un chien ne va pas guérir les malades d’Alzheimer. Le but, c’est juste que la personne puisse exister à ce moment-là, qu’elle puisse se raconter. »

Éponges à émotions négatives

Pour l’intervenante de la ferme pédagogique, le contact avec les animaux permet aux enfants touchés par le handicap de « stimuler leur motricité ». Myriam, comme ses collègues de l’institut médico-éducatif, met aussi en avant le fait que ces séances « sortent
les enfants de l’institut. Cela leur permet de s’intéresser à l’autre. Ils sentent et touchent des choses dont ils n’ont pas l’habitude». Déborah ajoute : « Ils apprennent le respect car les bêtes sont des êtres sensibles, il faut faire doucement avec eux. » Comme une sorte d’éponge, l’animal va lui aussi raconter, par son comportement, certaines choses à l’intervenant qui est en permanence en relation avec le personnel encadrant spécialisé dans le cas de Bénédicte : « Un chinchilla par exemple ne se posera jamais sur quelqu’un de stressé ou d’hyperactif ». Sylvie Orlandini ajoute : « Les animaux sentent les émotions, ils savent si on est triste ou
stressé, ils sont beaucoup plus sur l’émotionnel que nous. Ce sont de véritables éponges à émotions négatives. Ils sont très donneurs et ont envie de faire quelque chose pour l’Homme. »

D. Jung

Lire l’article complet dans les DNA du samedi 25 octobre – Pages locales de Molsheim-Obernai