Archive | mars, 2013

Secousses sismiques

28 Mar

Samedi soir, la chaleur se cherchait à Marlenheim et se trouvait au Kobus, la taverne locale. Elle se consommait avec Sokan, un groupe de cinq percussionnistes du Burkina Faso.

Crédit: Delphine Jung

Crédit: Delphine Jung

Il y a quelque chose de fascinant à regarder Solo, Drissa, Issa, Fatoma et Adama frapper avec cette énergie leurs djembés, dunduns (sorte de batterie) ou leurs balafons. Il y a quelque chose d’impressionnant à les voir chanter en dioula, ce dialecte burkinabé. Il y a quelque chose de magique à les voir donner leur maximum au Kobus, samedi soir. C’est en boubous, pieds nus ou en babouche qu’ils entrent sur scène. L’un d’eux frappe fermement sur son djembé pour annoncer le début du concert. Les autres instruments suivent, tout comme les chants. Les mélodies sont répétitives, mais pas ennuyeuses. C’est la puissance captivante des percussions qui agit. Les cinq musiciens sont déjà à fond. Les gouttes de sueurs commencent à couler le long de leurs tempes. […]

Credit: Delphine Jung

Sur scène, c’est toute leur âme qui s’échappe en même temps que leur voix. Le public est impressionné par la vitesse à laquelle leurs mains claquent sur les peaux de chèvre ou de veaux tendues. Mais ils préfèrent intérioriser ces secousses sismiques. Deux jeunes femmes décident de se rapprocher des musiciens et de se laisser transporter par les rythmes percutants. Claudia est littéralement en transe. Les yeux fermés, elle dessine de grands arcs de cercle dans les airs et tourne sur elle-même en se déhanchant.

D. Jung

Credit: Delphine Jung

Credit: Delphine Jung

Lire l’article complet dans les DNA du lundi 18 mars – Pages locales de Molsheim-Obernai

Le réconfort comme remède

28 Mar

Derrière la porte des chambres d’hôpital, le rôle des aumôniers est crucial. Ils tentent d’accompagner le malade ainsi que sa famille et de répondre à leurs questions. Toutes les questions.

Crédit: Delphine Jung

Crédit: Delphine Jung

Mohamed Latahy ressemble à n’importe quel médecin du nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg. En réalité, il est aumônier musulman. Vêtu de la traditionnelle blouse blanche, floquée d’un petit macaron portant l’inscription de l’établissement, il déambule dans les couloirs.

« L’image archaïque de l’aumônier qui donne l’extrême-onction persiste »

Aux hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), ils sont salariés de l’établissement, bénévoles, comme Mohamed Latahy, ou encore mis à disposition par l’Église pour l’hôpital, comme Martin Wehrung, pasteur. Leur présence est discrète. Pourtant, leur rôle est essentiel pour beaucoup de souffrants, et de familles. « Malheureusement, l’image archaïque de l’aumônier qui donne l’extrême-onction persiste encore », relève Claude Spingarn, rabbin strasbourgeois, lui aussi homme d’écoute. Leur mission est en réalité beaucoup plus complexe.

« Les patients ont énormément de questions et ont besoin de réponses par rapport à l’après », explique Mohamed Latahy. Ce sont des personnes de confiance. De confidence. Dans les chambre, loin des regards, la maladie amène souvent son lot de questions. Religieuses d’abord: « Certains me demandent comment se place l’islam par rapport au don d’organes », poursuit Mohamed Latahy. Il se souvient également: « Une dame avait prévu de se rendre en pèlerinage à La Mecque, mais son état ne le lui permettait pas. Je lui ai expliqué que c’est l’intention qui compte ». Tant d’histoires qui sont le quotidien de ces accompagnateurs. François Howald, laïc engagé, témoigne: « Leurs questions sont relatives à la foi, ils se demandent où est Dieu dans toute cette souffrance qu’ils affrontent. »

Faire la différence entre spiritualité et foi

Mais la plupart des questions sont d’ordre spirituel et dépassent de loin la religion. « Il a une dizaine d’année, la foi et la spiritualité étaient confondues », avance Martin Wehrung. Une différence à faire désormais. Car pour les athées arrive aussi le temps où les interrogations surviennent, même si elles sont dénuées de sens religieux à proprement parlé. Pour certains patients la religion de l’aumônier présent importe d’ailleurs peu.

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 27 décembre – Pages régionales

Le vin de la patience

19 Mar

Vendredi dernier, Gérard Blaess, bien connu sous le pseudonyme de « Petit poucet », s’est lancé dans les vendanges tardives. Un risque que ne prennent pas tous les vignerons.

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Crédits: Delphine Jung

Le Petit poucet, malgré sa taille, n’a peur de rien. Il prend des risques. Comme celui d’attendre que son raisin arrive à maturation complète pour en récolter le nectar qui donnera un cru de vendanges tardives. « Cette année il fallait être patient parce que le temps s’est dégradé d’un coup, ce qui a bloqué la maturité du raisin. Beaucoup ont laissé tomber la vendange tardive, mais finalement, je trouve que ça a l’air pas mal. En plus, la cueillette est facilitée par les dernières gelées qui ont fait tomber les feuilles », s’enthousiasme Gérard Blaess, vigneron.

« Il faut que le réfractomètre indique au moins 16°C. La règle s’est durcie, avant c’était 15,3. Là le réfractomètre prévoit 17,5 °C, c’est bon signe »

Mais pour être sûr de sa valeur supposée, le plus petit vigneron d’Alsace doit vérifier la qualité du jus. Il saisit alors un bâton en bois et pique violemment le raisin qui remplit déjà quelques bassines. Il récupère ensuite les deux goutes qui tombent du bout de bois sur un réfractomètre. En regardant dans l’œilleton, une échelle indique la potentielle teneur en sucre du nectar. « Il faut que le réfractomètre indique au moins 16°C. La règle s’est durcie, avant c’était 15,3. Là le réfractomètre prévoit 17,5 °C, c’est bon signe », explique le vigneron.

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Les vendanges peuvent donc continuer en toute sérénité. Dans les lignes, la famille donne un coup de main. Le travail est minutieux, mais les coups de sécateurs sont sûrs, francs. Les vendangeurs doivent faire attention aux grains qui peuvent éventuellement tomber. « Ce sont ceux qui sont le plus concentrés en sucre », rappelle Gérard Blaess. Il veut le meilleur pour sa cuvé de pinot gris vendanges tardives. Une fois les seaux pleins, il les recueille et les déverse une nouvelle fois dans d’autres bassines. Une fumée s’en dégage. Il prend en main une grappe et raconte: « C’est ce qu’on appelle le grain noble »

Plus les grains de raisins sont flétris, mieux c’est. Les grappes sont parsemées de pourriture grise. « C’est ce qui donne ce caractère noble au fruit, mais il y en a un peu moins cette année », avoue le producteur. Pour lui, la récolte sera de toute façon moins importante que pour les autres vignerons. Le Petit poucet ne dispose que de 9 ares de vigne.

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 15 novembre – Pages locales de Molsheim-Obernai

Hostile campagne

19 Mar

Aujourd’hui, les jeunes médecins n’ont pas forcément envie de s’installer à la campagne, et de plus en plus de zones géographiques risquent de devenir des déserts médicaux. A Wangenbourg-Egenthal, le maire s’inquiète de ce désamour.

Credits: Delphine Jung

Crédits: Delphine Jung

« Il faut qu’il reste au moins jusqu’à ses 70 ans », lance avec une pointe d’humour mais aussi d’angoisse Daniel Acker, maire de W-E. Le message est directement adressé à Claude Graber, médecin du village. Car Daniel Acker le sait, la forêt et les montagnes ne sont plus vendeuses pour les jeunes médecins qui entrent tout juste dans la profession. « J’espère que sa relève sera assurée, mais pour l’instant, il faut qu’il tienne le plus longtemps possible », confie-t-il, toujours le sourire aux lèvres.

Claude Graber exerce à W-E depuis 1981. Avant, les 1 400 âmes du village se déplaçaient à Wasselonne et environs. Alors quand un médecin décide de s’installer, la commune choisi de tout faire pour lui permettre d’exercer dans de bonnes conditions et surtout de le garder: « La mairie de l’époque avait mis à ma disposition un local contre un loyer vraiment modique », raconte Claude Graber. Depuis, le médecin a sa maison dans le village et une partie est consacrée à son cabinet.

« Les jeunes ne veulent pas être dérangés la nuit, ni le week-end. Notre médecin lui, il répond tout le temps »

Il faut croire que l’air de la forêt lui plaît. Claude Graber ne déménagerait pour rien au monde en ville. « Il y a une véritable qualité de vie ici ». Voilà quelques années que le problème de manque grandissant de médecins généralistes à la campagne inquiète. C’est un fait: les jeunes veulent de moins en moins exercer en milieu rural. Daniel Acker, perspicace, a sa petite idée sur leurs raisons: « Ils ne veulent pas être dérangés la nuit, ni le week-end. Notre médecin lui, il répond tout le temps, c’est un peu ce qui fait sa force. » L’intéressé relativise: « Au début on est beaucoup d’astreinte c’est sûr, mais là, ça s’est calmé ». Il travaille cependant de 7h15 à 20h. « Mais attention, je suis un lève-tôt! Je pourrais commencer plus tard si je voulais », assure-t-il. « Ce médecin consacre sa vie à ses patients, je n’aimerais pas être à sa place », lance Daniel Batoula, étudiant en cinquième année de médecine à Strasbourg.

Médecin des villes contre médecin des champs

Médecin de village, boulot à plein temps, personne n’en rêve. Pierre Tryleski, généraliste à Strasbourg, président de syndicat MG France Bas-Rhin et délégué national du même syndicat l’assure: « Ce n’est plus comme avant. Désormais, les jeunes médecins aspirent à une vie équilibrée. Ils s’installent là où la charge de travail paraît acceptable. Les médecins de campagne bossent comme des dingues, et c’est ce qui les effraie. » « En ville, ils travaillent parfois jusqu’à 21h », répond le médecin de W-E.

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Mais ce qui les angoisse par dessus tout, c’est d’être seuls. Daniel explique: « A la campagne, c’est compliqué de demander l’avis des collègues ». Yann Schmitt, étudiant en première année d’internat complète: « On nous parle beaucoup du manque de moyens à la campagne durant nos stages. Il va même plus loin: en ville on peut facile orienter son patient chez un spécialiste, à la campagne, c’est beaucoup plus compliqué ».

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 13 janvier 2013.Pages locales de Molsheim-Obernai