Aujourd’hui, les jeunes médecins n’ont pas forcément envie de s’installer à la campagne, et de plus en plus de zones géographiques risquent de devenir des déserts médicaux. A Wangenbourg-Egenthal, le maire s’inquiète de ce désamour.
Crédits: Delphine Jung
« Il faut qu’il reste au moins jusqu’à ses 70 ans », lance avec une pointe d’humour mais aussi d’angoisse Daniel Acker, maire de W-E. Le message est directement adressé à Claude Graber, médecin du village. Car Daniel Acker le sait, la forêt et les montagnes ne sont plus vendeuses pour les jeunes médecins qui entrent tout juste dans la profession. « J’espère que sa relève sera assurée, mais pour l’instant, il faut qu’il tienne le plus longtemps possible », confie-t-il, toujours le sourire aux lèvres.
Claude Graber exerce à W-E depuis 1981. Avant, les 1 400 âmes du village se déplaçaient à Wasselonne et environs. Alors quand un médecin décide de s’installer, la commune choisi de tout faire pour lui permettre d’exercer dans de bonnes conditions et surtout de le garder: « La mairie de l’époque avait mis à ma disposition un local contre un loyer vraiment modique », raconte Claude Graber. Depuis, le médecin a sa maison dans le village et une partie est consacrée à son cabinet.
« Les jeunes ne veulent pas être dérangés la nuit, ni le week-end. Notre médecin lui, il répond tout le temps »
Il faut croire que l’air de la forêt lui plaît. Claude Graber ne déménagerait pour rien au monde en ville. « Il y a une véritable qualité de vie ici ». Voilà quelques années que le problème de manque grandissant de médecins généralistes à la campagne inquiète. C’est un fait: les jeunes veulent de moins en moins exercer en milieu rural. Daniel Acker, perspicace, a sa petite idée sur leurs raisons: « Ils ne veulent pas être dérangés la nuit, ni le week-end. Notre médecin lui, il répond tout le temps, c’est un peu ce qui fait sa force. » L’intéressé relativise: « Au début on est beaucoup d’astreinte c’est sûr, mais là, ça s’est calmé ». Il travaille cependant de 7h15 à 20h. « Mais attention, je suis un lève-tôt! Je pourrais commencer plus tard si je voulais », assure-t-il. « Ce médecin consacre sa vie à ses patients, je n’aimerais pas être à sa place », lance Daniel Batoula, étudiant en cinquième année de médecine à Strasbourg.
Médecin des villes contre médecin des champs
Médecin de village, boulot à plein temps, personne n’en rêve. Pierre Tryleski, généraliste à Strasbourg, président de syndicat MG France Bas-Rhin et délégué national du même syndicat l’assure: « Ce n’est plus comme avant. Désormais, les jeunes médecins aspirent à une vie équilibrée. Ils s’installent là où la charge de travail paraît acceptable. Les médecins de campagne bossent comme des dingues, et c’est ce qui les effraie. » « En ville, ils travaillent parfois jusqu’à 21h », répond le médecin de W-E.
Mais ce qui les angoisse par dessus tout, c’est d’être seuls. Daniel explique: « A la campagne, c’est compliqué de demander l’avis des collègues ». Yann Schmitt, étudiant en première année d’internat complète: « On nous parle beaucoup du manque de moyens à la campagne durant nos stages. Il va même plus loin: en ville on peut facile orienter son patient chez un spécialiste, à la campagne, c’est beaucoup plus compliqué ».
D. Jung
La suite à lire dans les DNA du 13 janvier 2013.Pages locales de Molsheim-Obernai
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