Archive | décembre, 2011

Lutherie

16 Déc

Crédit: D. Jung

Crédit: D.Jung

Crédit: D.Jung

Crédit: D.Jung

Crédit: D.Jung

 

Dans la dub bulle

12 Déc

Crédit: Delphine Jung


Une queue qui n’en finit pas devant les toilettes, une humidité collante en ce soir d’automne, un chapiteau noir de monde… Pas de doutes, le festival Rocktambule de Grenoble ouvre ses portes une nouvelle fois. Au programme, High Damage (les Lyonnais d’High Tone qui s’allient aux Stephanois de Brain Damage) en plat principal et Chinese Man en dessert.  Ce sont eux que les festivaliers attendent.

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L’ambiance sous le chapiteau monte vite de quelques degrés à l’arrivée de Martin Nathan de Brain Damage. Il ouvre le concert seul,  posant ce son enivrant qui fait tourner la tête et fermer les yeux. Du bon dub à la française, diront les connaisseurs. Il est terrien, ardent, lumineux. Des faisceaux de spots rouges éblouissent de temps à autre. Les membres du groupe High Tone arrivent bientôt aussi sur la scène, un à un,  en face de Martin Nathan qui lui, est au milieu du public en liesse. Les mains se lèvent, les premiers cris de groupies transpercent l’atmosphère. Peu à peu, les samplers, le clavier, la batterie et la guitare de High Tone viennent s’allier au sampler de Brain Damage.

Des nuages de fumée caressent les narines, l’air reste frais. Les basses commencent doucement à monter, donnant l’impression que le cœur va s’extirper de sa cage d’une seconde à l’autre.

La musique ne s’entend plus, elle se vit.

Elle parcourt le corps, elle transperce le thorax, elle électrise et chatouille les pieds. A moins que ce ne soit le froid qui commence à engourdir les orteils… Un couple se serre. Ils s’embrassent. L’alchimie entre les deux groupes prend et les deux amoureux l’accompagnent dans leur baiser langoureux. L’expérience sensorielle est à son maximum. Les pieds s’enfoncent peu à peu sous le gravier qui recouvre le sol. Pourtant, ce sont les épaules qui bougent. Les festivaliers admirent les jeux de lumières et les films qui défilent sur les écrans, balancent leur buste vers l’avant au rythme lent et étourdissant de la musique. Les mains dans les poches. Les deux groupes réalisent une symbiose parfaite qui laisse présager un album de qualité prévue pour mars 2012. Le groupe lyonnais est en effet habitué aux mariages musicaux ponctuels avec d’autres groupes de dub. La musique continue de submerger les fans. Au bout d’une heure et demie environ, c’est au tour d’High Tone de jouer seul pour le public et de clôturer ce premier concert. Néo-bidouillages électroniques, rythmique syncopée.

Une odeur de brûlé vient gratter le nez des festivaliers. Sûrement une veste qui vient de se faire griller au passage d’un fumeur. Les cris sortent pour tenter de réclamer une dernière chanson. Un dernier kiffe. High Tone commence à jouer « X ray », et enchainent avec « Freakency ». Les bras se lèvent comme si les gens attendaient le messie. Ils l’ont sous la main. Mais comme tout mirage, il repart, derrière les paravents.

C’est la pause.

Crédit photo: Delphine Jung

Le temps de s’en allumer une et de faire un détour par la case « toilettes » et « bar ». Après quelques bières, retour sous le chapiteau dès les premiers coups d’essais sonores. Enfin, le quatuor arrive. Chinese Man. La foule, chauffée par un premier duo en redemande. Des musiques de fond à consonances indiennes résonnent sur le hip hop bien rôdé du groupe. Le titre « Indi Groove ».  Puis, des rythmiques de swing commencent. Derrière eux, un écran géant projette des images psychédéliques et des extraits de vieux concerts des années 20. Les hommes soufflent dans leur trompette, s’excitent sur leur piano. De quoi contraster avec le quatuor qui campe derrière quatre cubes lumineux sur lesquels reposent leurs vinyles. Le son est propre, peu de place est laissée à l’improvisation. C’est trop propre justement. Sans surprises. Le gros tube « Washington Square » termine la cuisson du public. Comme un appel à la prière, les mains se lèvent à nouveau. La version que le groupe offre est surement la moins consensuelle de tous les autres morceaux proposés ce soir.

Le rythme s’accélère, l’électro-hiphop laisse sa place à la drum’n bass. La foule se lâche, les mouvements de balancier se font plus rapides. Les bouches crachent de plus en plus de fumée car l’air est de plus en plus frais et humide. Sauter reste la seule solution pour se réchauffer. Un danseur fou s’écrie « j’adore, je kiffe ! ». Il précise : « ça fait du bien de danser avec de belles femmes ! ».

Ce soir, 3200 personnes battent le gravier de leur pas sur un dub français bien particulier et aimé dans le monde entier. Chinese Man déçoit, mais High Damage signe le début d’une longue histoire.

D. Jung

Reporters sans frontières, Egyptiens: mêmes combats

6 Déc

En Égypte, quand une journaliste occidentale ose se balader dans les rues du Caire avec assurance, à la recherche d’un sujet de reportage, ça ne passe pas.

Crédit: D.Jung

Pour les quelques badauds privés, semble-t-il, d’une sexualité accomplie, c’est l’occasion de s’acharner un peu beaucoup sur elle.

Trois quart d’heure.

Évidemment, cela ne serait jamais arrivé dans un pays pacifié. Évidemment, cela ne serait jamais arrivé à UN journaliste. Un homme. Face à quinze égyptiens, un homme sait beaucoup mieux se défendre qu’une femme. C’est un peu le discours servi par Reporters sans frontières après l’agression de Caroline Sinz, journaliste à France 3. Agression survenue, ironie du sort, lors de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes. Des deux côtés de la Méditerranée, il n’y a eu aucun respect pour les femmes. En entrant dans le jeu archaïque et infantile du « sexe faible/sexe fort », RSF a déçu, et même si l’association s’est très vite rétractée, la messe était dite. Heureusement aussi, tous les égyptiens ne sont pas à mettre dans le même sac. Car ce sont les égyptiens qui passaient là qui ont mis un terme aux souffrances de Caroline Sinz.

Déjà que le journalisme est un métier connu pour son machisme, l’interdiction suggérée aux femmes journalistes de ne plus couvrir les zones de conflits est la cerise sur le gâteau.

Elles ne seraient bonnes qu’à couvrir les foires, les conférences de presses ennuyeuses, et les jours de rentrées d’école. Et encore, il parait que certains profs sont de gros pervers…

D. Jung