Vis ma vie de vendeuse: J3

16 Jan

Le jour où j’ai réussi à faire un top 10 des clients

Voilà, aujourd’hui, c’est mon dernier jour. Autant dire que j’ai le recul nécessaire pour établir un petit top 10. LAULE.

Numéro 1 La vieille riche qui est tombée dans CE magasin mais qui cherchait en fait les Galeries Lafayette: Souvent, elle sent très fort. Vous savez, ce parfum qui évoque à lui seul l’égo surdimensionné et les manières hautaines de ce genre de femmes. Je les repère assez vite du coup. Elle s’approche avec son petit air supérieur et tire une moue devant l’étal (pourtant bien rangé n’est-ce pas). Elle prend chaque vêtement en pinçant son pouce et son index. Il ne faudrait pas que ses mains douces soient salies par le « bas-de-gamme ». Dans son extrême bonté, elle tente souvent de replier ce qu’elle a déplié. Mais comme il ne faut pas trop toucher vous savez…

 

Ce sont souvent elles qui viennent et me demandent: « Vous avez des pyjamas 100% cotons? »… « Heuuu tu crois que j’ai que ça à faire de plier en regardant la composition de chaque fringue??  » « Heuuu il doit y en avoir oui ». Ensuite, elles te prennent souvent comme une vendeuse à leur service personnel: « Vous pouvez me chercher ça en taille M? » « Cherche toi même pétasse. » « Oui bien sûr, attendez ». C’est là que tu te retrouves à déplier TOUTE la jolie pile de t-shirt que tu viens de faire. Pour ne pas trouver de taille M. Le plus souvent, c’est là que la vieille riche venue ici par erreur s’en va.

Numéro 2 L’adolescente peinturlurée: Ce spécimen se balade généralement en bande. C’est déjà physiquement qu’elle se fait repérer. La plupart du temps, elle est glossée. Fond-de-teinturée. Bien coiffée avec sa petite pince à cheveux fluo. Elle mâche ostensiblement son chewing-gum et laisse apparaître un piercing à la langue. Elle en a aussi un à côté de l’œil ou de la lèvre. Doré. Elle a forcément sur elle un accessoire imprimé léopard et porte son sac à main le coude plié.

En bande, je les entends glousser dès leur arrivée. Honnêtement, ce sont presque les PIRES. En plus de parler extrêmement fort elles te foutent le bordel dans tout ton étal. Quand je dis tout l’étal, c’est vraiment TOUT l’étal. Elles prennent toujours l’article du haut de la pile, le déplient, le regardent et le jettent à 10 mètres après l’avoir furtivement montré à l’une de leur « coupines » (oui, entre elles, elles sont cOUpines). Et elles font ça comme des exécutants de peloton. Mécaniquement. Leur plan suit simplement les contours de ma table. Le pire, c’est lorsque l’une d’elle dit à sa voisine: « Haaa celui là regarde, il est trop beau (souvent, c’est le plus moche de la table). Je l’ai acheté hier ! » « Alors pourquoi tu le reprends en main, tu le déplies et tu le balances sur la table d’à côté? » . C’est à elles qu’on attribue le plus souvent l’existence des Vêtements Volants Qui N’ont Rien à Faire Sur Ta Table (VVQNRFSTT) et qui viennent de la table à 50 mètres.  Leur mission – et ce n’est pas possible qu’il en existe une autre -, c’est de ne surtout RIEN acheter mais foutre un maximum de bordel dans le magasin. Ce sont souvent elles que j’ai parfois regardé méchamment.

Numero 3 Les hystériques : Une semaine avant les soldes, elles sont à peu près dans cet état. Et cet état ne retombe jamais.

Elles aussi, viennent le plus souvent en bande. Ce sont les seules à te demander l’un de ces sacs à cabas géants pour le remplir AU MAXIMUM. Je suis sensée adorer ces clientes, car elles vont consommer. Et au moins, elles vont se contenter de déglinguer ma table en silence. En me regardant ranger. Amen.

Numéro 5 La gamine de 13 ans: Il y a deux catégories dans cette même catégorie. La gamine de 13 ans qui vient sans sa mère et celle qui vient avec. Celle qui vient sans est (a priori) une future ado peinturlurée. Elle en a déjà les mimiques en tout cas: port de la tête bien haut. Dégaine hautaine. Sac à main comme il faut. Et elle paie le plus souvent avec un gros billet de 100€. Merci Papa Noël. Celle qui vient avec sa mère est plus calme. « Vous avez quoi en plus petite taille de soutien-gorge? » demande la mère en montrant sa fille d’un signe de tête. « Du 80A je crois… » Sa fille est plate comme une planche à pain avec deux Smarties plantés de part et d’autre. Bon courage.

Numéro 6 Le mec blasé qui suit sa copine: Celui-là, il reste à l’écart. Collé à la barrière anti-vol de l’entrée. Jusqu’à ce que le gars de la sécurité lui explique: « Excusez-moi, vous pouvez vous décaler? En fait vous êtes juste au niveau du compteur automatique ». Mine déconfite du client. Du coup, les mains dans les poches, il retrouve sa douce. Pas vraiment intéressé par son shopping. Mais au moins, il ne touche à rien.

Numéro 7 Bonnie & Clyde: L’ado peinturlurée + son mec avec cette coupe de cheveux:

Tous les deux sont unis par le même but: mettre le bazar en criant. Et c’est encore mieux quand ils ont un gamin dans une poussette GÉANTE. (Avis aux fabriquants de poussettes: merci d’arrêter avec vos poussettes géantes. Elles ont un problème: elles sont géantes. Et en plus, y en a qui les utilisent pour voler des habits dans le magasin.)

Numéro 8 Les bien élevées: Souvent, ce sont celles qui te disent « bonjour » avant même que tu aies le temps de lancer le tien. Et puis elles sourient. Elles compatissent: « Hé ben, vous en avez du courage », « Ma pauvre, je vous plains » etc. Des filles bien quoi. Ce sont elles qui vont joliment replier ce qu’elles ont pris en main.

Numero 9 Les connasses: Oui, en fait, il y a pire que les mémés qui puent le Chanel n°5 (oui parce que bon, faut arrêter, il pue le Chanel n°5). Pire que les grognasses über-maquillées. Celles-là, je ne les ai pas trop observées tellement elles m’ont énervée. Elles arrivent (sans dire bonjour), te regardent droit dans les yeux en te disant « Vous n’avez pas fini de plier ma pauvre », tout en déglinguant ton rangement. Comme ça. SANS AUCUNS SCRUPULES. Et toi, ben tu dis rien.

Numéro 10 Celles qui te prennent pour leur Cristina Cordula perso: Elles sont assez rares. Mais tellement lourdes. Elles pensent que ton boulot, c’est de les conseiller. Mais juste elles. Ça commence souvent gentiment. « Vous taillez comment? »

 

Vous taillez comment? Vous taillez comment? Réfléchissez au sens de cette question. C’EST QUOI CETTE QUESTION? « Ben en fait, on taille avec un burin et un marteau« . « Normal, un M par exemple correspond à du 38/40 ». Elle t’a alors mis le grappin dessus. « Vous l’avez en noir ça? » « Vous pensez que ce haut ça irait avec ce bas? » « Vous croyez que ça m’irait ça? », « Vous n’en n’avez pas en stock? », « Vous pouvez me chercher un short taillé comme ça? Je crois que ça va avec ma morphologie ». Elle te fait perdre ton temps plus qu’autre chose. Mais tu ne peux pas l’envoyer bouler.

Heureusement, il y a aussi plein de gens normaux qui n’entrent dans aucune catégorie. Et parfois, il y en a qui sont un peu tout à la fois. Quoi qu’il en soit: Ouf, aujourd’hui, c’est mon dernier jour !

En partant, je serai un peu comme ça:

Puis en rentrant:

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