Archive | janvier, 2012

Trip à 150 Roupies

19 Jan

Crédit: Delphine J.


Le soleil peine à percer le manteau brumeux qui embaume Vârânasî, ville sainte indienne, située dans l’Etat de l’Uttar Pradesh (au Nord-Est de l’Inde). Dans ma barque, je suis bercée par le clapotis de l’eau du Gange que les rames rejettent vers l’arrière de l’embarcation. L’air est humide, un calme intense règne, pas un bruit ne vient troubler l’aube. Il est six heures du matin, les Indiens fidèles sont déjà debout pour s’adonner aux ablutions, cette purification rituelle que la religion hindoue oblige.

Crédit: Anne-Fleur Saconney

L’ eau est boueuse et trouble. Je me demande comment elle peut purifier, alors que des cochons morts, des sachets plastiques et des morceaux de tissus y flottent. Mais le décor est envoutant, enivrant. Les yeux fermés, mes autres sens se décuplent, ma tête tourne, les battements de mon cœur ralentissent, mon corps devient plus léger. Le soleil levant dessine un halo orangé à l’horizon du fleuve sacré. Les yeux encore collants d’un réveil qui s’est fait dans la précipitation, la bouche pâteuse, j’admire le spectacle, envahi d’une douce sérénité. Chaque souffle de vie est échangé contre une once de liberté. La lumière éclaire péniblement les ghâts, ces marches immenses qui bordent la rive occidentale du fleuve. Je ne sais plus si c’est la brume qui jette ce voile devant mes yeux ou si ce sont les vertiges qui me prennent qui altèrent ma vision. Sur les escaliers, la vie commence. Certains indiens ont même dormi sur une paillasse au bord du fleuve. Ils seront les premiers à s’adonner à leur prière quotidienne. Ce spectacle, je peux le voir tous les matins. Dans le fleuve sacré, les fidèles joignent leur mains, ferment les yeux et avancent dans l’eau opaque. Les femmes vêtues de leurs saris, les hommes de leurs dhotîs. D’autres commencent leur toilette en faisant leur vaisselle en même temps. Une brosse à dent usée est glissée dans une bouche mousseuse de dentifrice. Les deux mains du voisin sont occupées à récurer une casserole. Le rituel prend quelques secondes. Très vite, les indiens portent leurs mains pleines d’eau à la bouche et recrachent un liquide épais comme de l’écume.

Crédit: Anne-Fleur Saconney

Un peu plus loin, des enfants jouent. Leur regard pétille, leurs cris me sortent de ma douce et reposante léthargie.  Ils utilisent de vieux morceaux de polystyrène en guise de bouée. Je continue de longer les ghâts dans ma barque. L’indien qui la dirige n’est pas très bavard. Il semble profiter du spectacle comme si c’était la première fois qu’il y assistait. Une feuille de bétel en bouche, il chique machinalement, montrant de temps en temps du doigt un temple. « Kashi Temple » chuchote-t-il.

Il me lâche alors un sourire, laissant deviner ses dents rougies par la plante. Quelques instants plus tard, l’homme me conduit vers la rive où les corps sont brûlés dans la stricte tradition hindoue. Les cendres noircissent une eau déjà bien opaque. Une odeur de brûlé se mêle à l’effluve d’encens qui flotte en permanence dans la ville. Une odeur qui pique les narines et qui finit de me réveiller complètement. Une transe me pénètre. Au loin, le soleil continue son ascension. Je ferme les yeux, respire à plein nez ce parfum âcre et ensorcelant qui n’appartient qu’à l’Inde. Je me sens léger et apaisé. Ma tête tourne de plus en plus, un sentiment de plénitude m’envahit. A 150 Roupies le trip, j’en ai eu pour mon argent.

Delphine Jung

Organisme Généralement Malsain

5 Jan

Le lobbying agro-alimentaire a encore frappé.

Crédits: D. Jung

 

Alors que la France restait l’un des rares pays à refuser l’introduction d’OGM dans ses cultures, elle aura fini par courber l’échine. Le tout, sans même demander l’avis des principaux consommateurs: nous. Une décision d’interdiction des OGM annulée par le Conseil d’Etat. Une annulation qui profite notamment à l’entreprise Monsanto, et qui a été prise en bafouant le principe même de démocratie. Mais entre Monsanto et le peuple, il fallait choisir. Que vaut l’avis des Français face aux millions engendrés par la commercialisation du MON810 ?

Monsanto, à l’origine du fameux Roundup, pesticides ultra polluant. Monsanto, à l’origine des milliers de suicides de paysans Indiens car dépendants de ces mêmes OGM que le Conseil d’Etat tente d’introduire dans les cultures françaises. En dépit donc du principe de précaution, en dépit d’un quelconque avis demandé aux Français et en dépit des avertissements lancés par les scientifiques indépendants, la décision a été prise. Ce sera OGM pour tout le monde. Vous. Moi. Nous. Même s’il a été prouvé que l’introduction d’OGM ne diminue pas l’utilisation de pesticides. Et si nos dirigeants regardaient de l’autre côté du Pacifique, au Japon? Là où un petit paysan a réussi à éliminer tous les nuisibles grâce à la nature, en recréant au sein même de ses rizières, la chaîne alimentaire présente dans la nature. Car oui, la réponse vient toujours de la nature.

D. Jung (déc. 2011)

Sans titre II

5 Jan

Crédits: D. Jung

Crédits: D. Jung