Archive | février, 2013

Face à la mer

26 Fév
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Crédits photos: Delphine Jung

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The place to be: Villers sur Mer

La na céu bo é um estrela
Ki ca ta brilha
Li na mar bo é um areia
Ki cata moja
Espaiod nesse monde fora
So rotcha e mar

Terra pobre chei di amor
Tem morna tem coladera
Terra sabe chei di amor
Tem batuco tem funana

CESARIA EVORA

Le courage de demander de l’aide

26 Fév

La campagne des Restos du cœur a commencé. A Wasselonne aussi, les associations de solidarité ses révèlent indispensables.

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Crédits photo: Delphine Jung

Dans les locaux des Restos du cœur de Wasselonne, une vingtaine de personnes patientent et font la queue. En retrait, Fabrice attend son amie venue récupérer son panier-repas. « Je ne peux pas aller là-bas, j’ai des crises d’angoisses », dit-il en pointant du bout de son menton la petite cohue qui avance lentement. Son histoire ressemble à celle de beaucoup d’autres. Il y a quelques années, il perd son travail, se lance dans une formation en informatique et décide d’ouvrir sa petite entreprise. C’est un échec. Depuis, il touche 450 euros par mois pour vivre. C’est le revenu de solidarité active.

Il jette une regard devant lui. La file avance au milieu des étagères fournies en briques de lait et légumes. Dans les bras d’une jeune maman, un bébé perd patience et pleure. « Le public est varié, affirme Monique Neher, présidente de l’antenne des Restos du cœur à Wasselonne. Il y a même parfois des propriétaires qui, une fois leur mensualité de prêt payée, n’ont plus assez pour se nourrir ». Tous ont rempli un dossier complet pour pouvoir devenir bénéficiaires de l’association. « Nous avons un barème bien précis qui tient compte du RSA, des allocations, du loyer à payer etc. », explique la présidente. Pour Brigitte, bénéficiaire, quelque chose de nouveau a émergé depuis quelques années: « Les nouveaux pauvres. » Veuve, au chômage et surendettée, elle peine à joindre les deux bouts. « Parfois je ne faisais qu’un repas par jour. Depuis, j’ai mis ma maison en vente, mais c’est un cercle vicieux, les gens n’ont pas d’argent pour acheter en ce moment », raconte-t-elle. Une autre bénéficiaire sans emploi tente de s’en sortir avec 1 100 euros par mois et cinq enfants à charge. Son mari est lui aussi au chômage: « Je peux faire des croix sur pas mal de choses, mais pas sur la nourriture pour mes enfants. »

Difficile de franchir la porte des associations

Les Restos du coeur permettent à ces hommes et femmes d’obtenir six repas par semaine et par personne. […] Mais il faut se déplacer au local. Quel est poids de cette démarche dans une ville où tout le monde se connait? « Il y en a qui n’osent pas rentrer, c’est vrai, mais tôt ou tard, leur situation ne leur laissera pas le choix et ils viendront », affirme Monique Neher. A la Croix-Rouge, juste à côté, les articles de vêtements vendus à la Vestiboutique coûtent entre un et trois euros: « Nous ne voulions pas les donner. Déjà parce qu’il y a des abus et surtout pour la dignité des gens qui viennent », affirme Maryse Weissenberger, vice-présidente. Pour Brigitte par exemple, franchir la porte des associations était très dur: « J’étais en grande détresse, un grand questionnement. Je me suis demandé comment j’avais fait pour en arriver là »…

D. Jung

Lire la suite dans les DNA du 20 décembre 2012 – Pages locales de Molsheim/Obernai

Un Noël dans les caravanes

26 Fév
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Crédits photo: Delphine Jung

Même sur une aire de gens du voyage, il y a de quoi fêter Noël. Il suffit d’un sapin, de guirlandes et de quelques décorations colorés pour inviter le père Noël chez soi. Comme partout ailleurs.

Dans la caravane de Véronique, un tapis blanc mousseux recouvre une petite table. Dessus, une multitude de figurines et de maisonnettes. Dans celle de sa voisine, un sapin de Noël saupoudré de fausse neige et orné de boules, de clochettes et d’étoiles colorées. A côté, des statuettes: des rennes, des pères Noël, des lutins rieurs. L’esprit des fêtes de fin d’année est bel et bien là, sur l’aire d’accueil des gens du voyage de Molsheim. Plusieurs caravanes sont parées de guirlandes lumineuses et clignotantes. Sur les vitres, des autocollants de Noël. Certaines doivent encore être décorées, mais cela ne va pas tarder. « Nous achetons le sapin souvent à la dernière minute, parce que ça prend de la place da,s la caravane, confient Pascale et Linda. Et on ne le garde pas très longtemps. » Sous le sapin, pas de crèche: « C’est parce que nous sommes évangélistes », explique Samuel. Véronique, la femme du pasteur prefère se qualifier de « pentecôtiste ». Elle affirme que sa religion se rapproche du protestantisme: « Nous n’honorons que Jésus et pas la Sainte Vierge. Il n’y a que lui qui se soit donné à la croix. »

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Crédits photo: Delphine Jung

Elle est très fière de ses premières décorations, même si le roi des forêts manque encore à l’appel pour l’instant. « Nous sommes nés en Alsace, nous connaissons ses traditions et nous fêtons Noël comme les sédentaires » , affirme-t-elle. Chez eux aussi, le père Noël vient délivrer les cadeaux, « mais le 25 plutôt, parce qu’il passe pendant la nuit ». Et comme ailleurs, les adultes ont la lourde tâche de revêtir la robe rouge et la fausse barbe blanche. « Il y a encore quelques années, c’était mon mari qui s’en chargeait, raconte Véronique. Maintenant, les enfants sont grands ». Noah et Peyton, deux bambins, se réjouissent déjà. Ils savent qu’une console, une trottinette ou une guitare les attendra sous le sapin. « C’est surtout pour eux qu’on fait tout ça », lance Samuel. Mais pas de quoi faire de Noël un moment fort de l’année d’après lui. Désiré, son voisin de caravane n’est pas d’accord: « C’est la naissance de Jésus! » « Mais non, ça c’est le Pape qui l’a décidé. A la base, Noël est une fête païenne », rétorque Samuel. […]

Mais ce qui compte avant tout pour eux, c’est bel et bien la famille. […] « Chez nous, c’est vraiment très familial, cette année on sera 22 », explique Pascale. Il leur arrive parfois d’installer un chapiteau pour accueillir tout ce monde. Déjà, Pascale et Linda réfléchissent au menu qu’elles offriront à leurs convives. « Je ne sais pas encore quoi faire, mais ce sera un grand repas […] ». Pour Véronique, « ça va dépendre du budget ». […]

Loin de l’extravagance

Cette opulence, Pisla Helmstetter, tzigane sédentarisée à Barr, n’en veut pas. « On n’est pas des cochons. A Noël, il faut penser un peu aux autres, à ceux qui n’ont rien, aux enfants qui meurent de faim ». Son petit fils, Jo, précise: « C’est vrai que chez nous, c’est un peu à la bonne franquette. On mangera du fromage et de la charcuterie et ma grand-mère nous racontera ses souvenirs d’enfance »…

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 25 décembre 2012 / Page locale de Molsheim-Obernai

De l’amour fait maison

26 Fév
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Crédits photo – Delphine Jung

Leurs histoires d’amour ressemblent à beaucoup d’autres: la rencontre, le mariage, les enfants. Ils passent désormais des jours paisibles en maison de retraite. Parfois dans la même chambre. Parfois séparés. Rencontre avec tous ces couples d’amoureux.

Aujourd’hui, Denise se rend à la maison de retraite de Mutzig. Elle va voir l’homme avec lequel elle a passé toute sa vie. Elle se souvient pour deux. François souffre d’Alzheimer. Il ne parle plus. « Il y a parfois quelque chose dans son regard, mais c’est très rare », explique Denise. Tous les deux jours environ, elle traverse Mutzig à pied pour le voir, s’assied à côté de lui et regarde la télé. Leur amour est devenu inconditionnel et surtout unilatéral. Denise aujourd’hui aime pour deux. De temps en temps, elle pose sur la joue de son mari le dis de sa main et le regarde avec une profonde tristesse. Lui reste immobile, les yeux perdus dans un vide intersidéral. La souffrance de Denise est palpable. Bien souvent, lorsqu’elle évoque certains de leurs souvenirs, elle a les larmes aux yeux. Mais elle reste forte.

Si les aléas de la vie et surtout la maladie ont déconnecté Denise et François, d’autres ont la chance de continuer à vivre leur relation dans une maison de retraite, certes, mais dans la même chambre, comme Hubert et Bernadette. Ils ont leur salon, et derrière, leur chambre. Les deux lits simples sont côte à côte. Sur l’un d’eux, une chemise de nuit traîne encore. « On voulait être ensemble », insiste Hubert.

Ernest et Marcelle aussi ont une chambre commune à la maison de retraite de Rothau. Leurs lits sont séparés par une petite table de nuit. « Nos problèmes de santé font que c’est plus pratique pour nous d’avoir chacun son lit, comme ça, on ne se dérange pas », explique Ernest. Mais vivre pleinement leur amour est devenu impossible. Marcelle a été victime de plusieurs AVC. Si elle se souvient de son mari, le reste ressemble à un paysage flou. Pourtant, quand une étrangère se trouve dans leur chambre, une question sort spontanément de sa bouche. Entre naïveté et un semblant d’angoisse, elle demande: « C’est une nouvelle copine? » Ernest sourit, lui prend la main et dit en souriant: « Après toutes ces années, elle est encore un peu jalouse. » Qu’elle ne s’y méprenne, Marcelle est bien le seul et unique grand amour d’Ernest.

Soixante-cinq années de mariage en témoignent: « J’espère pouvoir fêter les 70 ans avec elle! », lance-t-il. Dans un tiroir, il sort quelques coupures de presse qui retracent leurs longues années d’amour. Il en est aussi fier que de ses diplômes militaires accrochés au mur, juste à côté d’une photo de mariage en noir et blanc, jaunie par le temps. Il montre un petit arbuste posé sur leur table de nuit et dit: « Nous sommes heureux comme cet arbre. Je suis toujours conte de la voir en me réveillant le matin. »

Jeannine et Emile eux, ne se voient pas le matin au réveil. Ils sont pourtant dans la même maison de retraite, à Schirmeck. Un étage sépare leur chambre respectives…

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 14 février 2013 / pages locales de Molsheim-Obernai.