Fawad (*), 22 ans, a fui l’Afghanistan pour la France

13 Nov

Fawad a aujourd’hui 22 ans. Il en a 17 lorsqu’il arrive en France et fait alors parti de ce qu’on appelle administrativement les mineurs étrangers isolés. Il raconte sa fuite et son arrivée à Strasbourg. Entre courage et désillusions.

Fawad vient de Ghazni. Crédits: Sgt. Michael J. MacLeod

Fawad vient de Ghazni. Crédits: Sgt. Michael J. MacLeod

 

Son appartement est impeccable. Pour fêter Haft-sin, une fête traditionnelle perse, Fawad, 22 ans, a déposé deux poissons rouges dans un bocal sur sa table, comme cela se ferait chez lui. Le jeune afghan n’a pas toujours vécu dans un si bel appartement. Son parcours est unique mais son destin ressemble à celui des 6 000 autres jeunes administrativement qualifiés de mineurs étrangers isolés présents sur le sol français. Il fait partie de ces adolescents qui ont fuit leur pays et leur culture. Qui ont quitté leur famille et leurs amis pour cet eldorado que semble être la France dans leurs esprits. « J’en avais entendu parler à l’école. On nous disait que c’était un pays démocratique où les gens étaient libres ». La liberté en Afghanistan ne fait pas vraiment partie des valeurs fortes au milieu des années 90 en pleine guerre civile. Les parents de Fawad décident de fuir avec son frère et ses deux sœurs en Iran. Le pays est pourtant hostile aux Afghans. Le racisme envers eux est courant, tout comme les humiliations. Ils n’ont même pas le droit d’aller à l’école. « Les gens ne savaient pas que je n’étais pas Iranien car je parlais leur langue sans accent », détaille-t-il. Ils parviennent pourtant à y rester illégalement pendant 12 ans avant d’être reconduit à la frontière. Sur le chemin, ils se font arrêter : « Deux voitures étaient là et des pachtounes en sont sortis cagoulés », explique Fawad en cachant une partie de son visage. Les souvenirs semblent se brouiller. Pudeur ou réelle confusion ? Fawad n’en dira pas plus : « Je n’aime pas trop parler de ça, c’était très triste ». Le jeune garçon est en effet séparé du reste de sa famille. Depuis ce jour, il n’a aucune nouvelles d’elle.

« Je me dis que je veux juste sauver ma vie »

Prisonniers des pachtounes, il réussi à s’échapper, sans oublier leur butin. Ça pourra toujours servir. Seul et perdu, Fawad n’a que 17 ans et se pose des questions bien loin de celles des ados de son âge : « Est-ce que je vais mourir ? Est-ce qu’il y a de l’espoir dans mon pays ? Je me demande où est ma famille, quand est-ce que je vais la revoir, comment ça va se passer pour moi ?» Il ajoute : « Nous, on voulait juste un endroit pour vivre tranquillement.» Il raconte ça simplement. De cette manière détachée qui impose l’admiration quand on réfléchit à l’horreur de la situation. Au milieu de ces interrogations, une certitude : « J’en ai marre de l’Afghanistan, je ne veux pas y rester et je ne veux pas retourner en Iran. Je me dis que je veux juste sauver ma vie ». C’est l’instinct de survie. Les souvenirs de sa scolarité lui reviennent et la France avec, « ce pays qui respecte les droits de l’homme ». Les passeurs de frontières vont l’aider.

« Tu fais confiance. Tu es obligé »

Difficile pour un gamin de 17 ans de comprendre les mécanismes de cette nébuleuse que sont les réseaux clandestins. Mais l’essentiel, il l’a : de l’argent et un but en tête qu’il ne compte pas lâcher, parce qu’il n’a pas le choix. « Je suis parti avec d’autres gens dans une camionnette, on a même traversé certains endroits à cheval ». Le jeune afghan est prévenu des dangers mais il réussit à rejoindre la côte turque. Face à lui, la mer et surtout la Grèce. De quoi se rapprocher encore un peu plus de la destination finale. Les histoires de traversées clandestines, il les connaît. Fawad fait partie de ceux qui ont rejoint la Grèce en bateau gonflable. Le danger que cela représente ne traverse pas une seconde son esprit. Ce n’est pas non plus le moment pour lui de se poser des questions sur les bonnes ou mauvaises intentions des passeurs : « Tu fais confiance. Tu es obligé ». La suite de son trajet n’est pas plus confortable : « Un camion frigorifique nous a transporté jusqu’en Italie. Il faisait tellement froid. On était caché derrière des caisses pleines d’oranges », se souvient-il. Terminus : Strasbourg. Débrouillard et surtout anglophone, Fawad cherche le chemin de la préfecture. Il sait que c’est là qu’il doit se rendre pour tenter d’obtenir des papiers de circulation. Le système français exige des institutions une vérification de l’âge du jeune. S’il a plus de 18 ans, il ne bénéficiera d’aucune protection. Mais Fawad n’a aucun papier. Agé de 17 ans et demi, au visage déjà marqué, les autorités concluent qu’il est majeur. Il ne sera pas pris en charge. En tout cas, pas tout de suite. « Pendant des semaines, j’appelle le 115 tous les jours d’une cabine téléphonique. Au début c’était vraiment la galère, je ne savais pas du tout parler français, j’étais complètement perdu », raconte-t-il. Dans sa tête, il avait décidé de quitter des violences physiques sans imaginer que ce qui l’attendait serait des violences morales. « Je dormais chez les alcooliques, c’était affreux. Parfois je restais aussi dans la rue mais je n’ai jamais voulu mendier. Je voulais me débrouiller seul ».

« Tant que je n’ai pas la nationalité française, je ne peux pas retourner là-bas »

Fierté et force sont les moteurs de sa survie. Après être passé d’associations en associations il va de foyer en foyer. Mais où qu’il soit, Fawad ne se sent pas bien. Ici, ce n’est pas chez lui. Ici, il est surtout sans sa famille. Sa souffrance psychologique est palpable. « J’étais seul dans ma chambre, je m’ennuyais, je ne voulais pas manger, j’avais de mauvaises idées… » Plusieurs fois, le jeune afghan pense à mettre fin à ses jours. Puis, il prend conscience qu’il est le seul maître de son destin. Et tout passe par l’apprentissage de la langue de ce qui est désormais son pays d’accueil. « J’ai appris par moi-même. J’ai acheté des livres, j’ai demandé à aller à l’école ». Intelligent, il réussi à rentrer dans l’un des plus prestigieux lycées strasbourgeois. Mais Fawad a aussi ses limites. Si sa seconde se passe bien, ce n’est pas le cas de sa première scientifique : « C’était vraiment trop dur. Ils m’ont un peu poussé à faire un bac professionnel. J’aurais voulu redoubler, mais on m’a dit qu’on avait pas les moyens ». Un mineur étranger isolé coûte cher. Et il y en a de plus en plus en France. De 4 000 à 5 000 il y a cinq ans, ils seraient entre 6 000 et 8 000 aujourd’hui. Alors rapidement, il faut que ces jeunes intègrent le marché du travail. En pleine dépression, Fawad ne parvient pas à terminer ses études. Ses nombreuses visites chez un psychologue et le soutien de son éducateur n’y changent rien. Fawad s’y résout : « Ils ne pouvaient pas comprendre ce qui se passait dans ma tête ». Il quitte l’école et reste dans son appartement. Devenu entre temps majeur, il doit désormais se débrouiller pour en payer le loyer. « J’ai déposé des CV dans plein de restaurants ». Cela fait maintenant 7 mois qu’il travaille en tant que serveur mais il aimerait beaucoup reprendre ses études. Aujourd’hui, il a une carte de séjour et de demandeur d’asile. Pourtant, le jeune afghan rêve d’autre chose : « Je voudrais retourner en Iran ou en Afghanistan retrouver mes parents, mais tant que je n’ai pas la nationalité française, je ne peux pas y aller ».

Delphine Jung

 

(*) Le prénom a été changé

Le cadeau des animaux

29 Oct

Encore très méconnue en France, la zoothérapie se développe peu à peu. Rencontre avec Sylvie Orlandini et Bénédicte Ruffenach, deux intervenantes en médiation par l’animal.

Erwann rit aux éclats. Crédits D.J

Erwann rit aux éclats. Crédits D.J

Certains contacts sont timides. D’autres plus fusionnels. Parfois, ils sont même incompréhensibles pour celui qui n’en fait pas l’expérience. En tout cas, chacun des huit enfants de l’institut médico-éducatif du Rosier Blanc de Saverne qui vient faire une séance de zoothérapie à la ferme du Coq Alan de Romanswiller vit ce moment différemment. Les personnes qui la pratiquent préfèrent parler de « médiation par l’animal ». « Il s’agit de le mettre en relation avec l’Homme pour susciter une éventuelle réaction. Le lapin ou le chien devient un média », explique Bénédicte Ruffenach, intervenante spécialisée, basée à Marlenheim.

« C’est la première fois que je le vois comme ça »

Cette relation, Simon, l’un des enfants de l’institut médico-éducatif, l’entretient depuis plusieurs séances avec Gaïa, un beau cheval beige à la crinière blonde. « Il se colle contre lui. J’ai l’impression qu’une certaine énergie se dégage de ce cheval », observe Monique, l’une des encadrantes du groupe. Sylvie Orlandini, propriétaire et intervenante en médiation, n’hésite pas à parler de
« coup de foudre ». Le garçon a le regard un peu perdu, mais ne se détache pas de son compagnon. Il lui caresse le poil, joue délicatement avec sa crinière et sourit. Il semble apaisé. Détendu. Comme Erwann. Ce petit garçon, d’habitude en fauteuil roulant, est pendant quelques instants couché sur Praline, l’âne. « Il se détend énormément de cette manière, ça lui fait vraiment du
bien, ça se voit », poursuit Monique tout en le maintenant sur l’animal. Déborah, une autre encadrante, s’approche et pose délicatement sur lui Chamallow, un petit lapin tête de lion. Ses moustaches chatouillent le visage d’Erwann qui rit aux éclats.
« C’est la première fois que je le vois comme ça », se félicite Sylvie Orlandini. Le lapin, le chien ou encore le cochon d’Inde « peuvent déclencher des choses chez certaines personnes », complète Bénédicte Ruffenach. Sylvie Orlandini ne sait pas si d’ordinaire Laura est téméraire,mais en tout cas, elle est la seule à oser approcher de près le gros Gratouille, un cochon bien bruyant. Contrairement à la propriétaire de la ferme qui accueille les enfants pour ses séances d’activités associant l’animal (AAA) dans sa ferme, Bénédicte est itinérante. Elle va par exemple dans les maisons de retraite. « C’est un public qui a souvent eu un
animal à la maison. Le fait d’en apporter un permet de créer parfois des discussions autour du sujet », poursuit-elle. Mais attention, ni l’une ni l’autre ne se considèrent comme médecin :« Un chien ne va pas guérir les malades d’Alzheimer. Le but, c’est juste que la personne puisse exister à ce moment-là, qu’elle puisse se raconter. »

Éponges à émotions négatives

Pour l’intervenante de la ferme pédagogique, le contact avec les animaux permet aux enfants touchés par le handicap de « stimuler leur motricité ». Myriam, comme ses collègues de l’institut médico-éducatif, met aussi en avant le fait que ces séances « sortent
les enfants de l’institut. Cela leur permet de s’intéresser à l’autre. Ils sentent et touchent des choses dont ils n’ont pas l’habitude». Déborah ajoute : « Ils apprennent le respect car les bêtes sont des êtres sensibles, il faut faire doucement avec eux. » Comme une sorte d’éponge, l’animal va lui aussi raconter, par son comportement, certaines choses à l’intervenant qui est en permanence en relation avec le personnel encadrant spécialisé dans le cas de Bénédicte : « Un chinchilla par exemple ne se posera jamais sur quelqu’un de stressé ou d’hyperactif ». Sylvie Orlandini ajoute : « Les animaux sentent les émotions, ils savent si on est triste ou
stressé, ils sont beaucoup plus sur l’émotionnel que nous. Ce sont de véritables éponges à émotions négatives. Ils sont très donneurs et ont envie de faire quelque chose pour l’Homme. »

D. Jung

Lire l’article complet dans les DNA du samedi 25 octobre – Pages locales de Molsheim-Obernai

 

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AMSTERDAM

10 Déc
Crédits photos: Delphine Jung

Crédits photos: Delphine Jung

Un amour de vaisselle

4 Juin

Quand on commence, difficile de s’arrêter. Et ce n’est pas Daniel et sa femme, Carine, qui diront le contraire. Tous les deux collectionnent le service Obernai, Favori et Carmen. Mais surtout le service Obernai. Portrait d’une folie-passion.

Le service Obernai, si cher à Daniel et Carine -  source: study poteries et cadeaux

Le service Obernai, si cher à Daniel et Carine – source: study poteries et cadeaux

Impossible de faire un pas dans la maison de Daniel et Carine sans se trouver face à une antiquité. « J’aime les vieilles choses, elles ont une histoire. On ne sait pas par quelle familles elles sont passées, mais elles ont quelque chose de fascinant », explique Daniel.

Alors dans sa maison, il y a des lampes en pâte de verre, des commodes napoléoniennes, d’anciens bénitiers, mais surtout, des étagères pleines du service Obernai fabriqué à Sarreguemines. Les assiettes sont soigneusement empilées et séparées d’une feuille d’essuie-tout, d’autres sont accrochées au mur. Les tasses… s’entasse et les beurriers trônent fièrement à côtés des soupières. Carine et Daniel ont accumulé plus de 1 000 pièces de ce service. Sans compter celles du service Favori et Carmen. Et comme il n’y a plus de place dans les armoires, certaines finissent dans des cartons.

« Quand on veut vraiment une pièce qui est en vente sur internet, on va directement la chercher »

Cette passion que d’autres nommerons lubie commence en 2001. Dans la tête de Daniel trotte le souvenir de cette assiette « Lhiver dans un village ». La signature: Henri Loux. Depuis sa plus tendre enfance, quand Daniel termine sa purée ou ses haricots verts, c’est le petit village de Hoffen enneigé qui se dessine sous sa fourchette. Comme une récompense pour ces brocolis avalés malgré leur aspect pas très ragoûtant. « Je me suis dit « J’en ai marre, je rachète mon assiette » et nous l’avons trouvée dans un supermarché », se souvient-il. Sa femme, elle, reste insensible à ce charme auquel succombe rapidement Daniel. « C’est parce qu’elle ne connaissait que les services Obernai récents! », lance-t-il. Mais pour l’assiette où figure Hoffen, Carine fait une concession: « C’était bête d’en acheter qu’une seule, alors on en a pris six »; A ce moment-là, elle ne sait pas encore que peu de temps après, la folie « service Obernai » l’atteindra aussi.

Ce n’est que plus tard, chez un antiquaire, lorsqu’elle tombe sur un petit plat à viande, « celui du potier », lui aussi marqué du tampon « Sarreguemines » que Carine craque. Elle est contaminée.: « J’ai dit à Daniel que si c’est ça, le service Obernai, alors je veux bien qu’on l’achète ». Seulement voilà, le plat est à 150€, et ça fait beaucoup pour un plat. Le couple rentre bredouille. Le lendemain, ils se comprennent: « On a eu la même pensée, et on est retourné à Châtenois l’acheter », racontent-ils.

C’était le pas à franchir. Depuis, le couple scrute quotidiennement les annonces sur des sites de ventes aux enchères ou de simple revente. « Parfois, quand on veut vraiment une pièce qui est en vente sur internet, on attend pas et on va directement la chercher. On a déjà fait 500 km pour ça », explique Daniel. Forcément, la vaisselle envoyée par la Poste ce n’est pas l’idéal.

D. Jung

Lire l’article complet dans les DNA du dimanche 21 avril – Pages locales de Molsheim-Obernai

Coucou le Printemps

4 Juin
Crédit : Delphine Jung

Crédit : Delphine Jung

Crédit : Delphine Jung

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Crédit : Delphine Jung

Les végétariens, des clients redoutés

4 Juin

L’Alsace est connue pour beaucoup de choses: sa capitale européenne, sa belle route des vins, ses maisons à colombages et surtout…sa gastronomie. Riche en viande, les végétariens n’y trouvent pas vraiment leur bonheur. Quelles solutions leur sont proposées par les restaurateurs du secteur?

David Lachapelle

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David Lachapelle

Filet de boeuf, tartare de saumon, ailes de poulet, côtelettes d’agneau et que dire de la tarte flambée et ses indispensables lardons… Sur les cartes des restaurateurs du secteur, difficile de trouver de quoi contenter les végétariens. Même s’ils ne sont pas nombreux, ils existent. Et non, ils ne mangent ni viande, ni poisson. Un régime quasiment inenvisageable pour les Alsaciens, grands amateurs de chère. La question surprend les restaurateurs eux-mêmes: « On vient chez nous pour manger de la viande », lâchent-ils tous comme une évidence. Mais en bons commerçants, ils affirment tous s’adapter si la demande se fait: « Sur ma carte, j’ai des galettes de pommes de terre ou des pommes de terre au munster et je peux faire des pizzas de légumes », explique ainsi Christine Baumgarten, gérante du Tonneau, à Marlenheim. La principale inquiétude des végétariens sera peut-être ailleurs, car manger un repas essentiellement composé de féculents n’est pas des plus équilibré, mais au moins, le plat sans viande ni poisson a le mérite d’exister.

Les végétariens sont des clients comme les autres, il ne faut pas les voir de haut »

Au Cerf à Marlenheim aussi, on essaye de s’adapter: « Nous avons des entrées que nous pouvons aménager comme l’oeuf poché à l’espuma de lard et à la purée de topinambour. Il suffira d’enlever l’espuma. Mais pour le plat, ce sera plus compliqué. On pourra proposer un risotto de légumes par exemple », affirme Clara Husser.

Bingo omnivore - Insolente veggie

Bingo omnivore – Insolente veggie

Même discours du côté du Saumon à Wasselonne ou Thierry Welty mise sur le grand choix de légumes dont il dispose: « Cela me permet de proposer de belles assiettes de légumes sans oublier un féculent comme de la purée ou de la polenta pour servir un repas équilibré »

A l’Arbre Vert de Kirchheim, on tombe carrément des nues: « Des plats végétariens? Ha ça, on n’a pas », s’exclame Marlyse Siefert, gérante. Laurent, le chef, semble aussi embêté: « C’est compliqué. On peut faire une omelette ou une pizza aux légumes ». Des plats de substitution, de dépannage et d’un autre standing que ceux proposés sur la carte. Aller au restaurant pour manger une omelette ne vaut pas vraiment le coup diront les plus déçus par cette réponse. […] Pourtant, « les végétariens sont des clients comme les autres, il ne faut pas les voir de haut. Pour certains de mes confrères, ce sont carrément des emmerdeurs. C’est un sujet très sensible », avoue Thierry Welty.

D’un autre côté, quand la demande est si faible, il y a de quoi comprendre qu’elle ne nécessite pas de carte spéciale sur les tables alsaciennes. « On a essayé de proposer des plats végétariens à une époque, mais ça n’a pas du tout marché », avance Clara Husser.

D.Jung

Lire l’article complet dans les DNA du mardi 30 avril – Pages locales de Molsheim-Obernai

Le best of des correspondants

22 Avr

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Il fallait immortaliser tout ça.

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« La reprise de Greensleeves a illustré, en douceur le soleil, avant le changement de rythme impulsé par un Silent Night swinguant, illustrant la profondeur de la voix de Lisa Doby et se terminant en une éclatante modulation: Hallelujah! Le Sauveur est né. »

« L’enfant au tambour arrivant et s’éloignant a fait scintiller de douceur les yeux du public » …

« Mis à contribution par Lisa Doby, l’auditoire commence à chanter avec les artistes et sur deux octaves la mélodie musicale «tududoutou…» que les auditeurs-chanteurs gardent encore en mémoire… »

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« En fin de cérémonie, le pot de l’amitié fut un moment d’échanges particulièrement riche. »

« L’association a comme objectif de faire bénéficier des fonds récoltés par leurs animations, l’association ARAME, association qui a comme objectif de contribuer sous diverses formes à la guérison des enfants atteints de cancer. »tumblr_inline_mjwr43nUGu1qz4rgp

« La participation des solistes du professeur de chant Tania Bernhard fut appréciée et Zivile Schmitt, chef de choeur, les choristes de l’ensemble vocal touchèrent aussi le coeur des spectateurs. »

« Décapée au vitriol, l’actualité révèle ce qu’un examen quotidien superficiel n’aurait pas suspecté. Généreusement rhabillés pour l’hiver, amis ou moins amis, en avance sur les soldes, sont chaleureusement brocardés.  »

« Inventant une fable de l’écolo et de l’asphalteur, (rapport à un conseil municipal, passionné), Gérard Nicolas laisse à Jean de la Fontaine le soin de conclure (la fable !) « Ne forçons point nos talents nous ne ferions rien avec grâce, jamais un manant quoiqu’il fasse ne pourrait passer pour galant ». »

« Faute d’herbe actuellement, cette dernière sera offerte à la jeunesse le 2 mars 2013 à l’occasion d’un grand chocolat. »

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« Grande satisfaction pour la commune, l’amicale des ainés de l’Ehn où 35 à 40 personnes se réunissent à chaque réunion, le chemin parcouru depuis 10 ans par la nouvelle équipe des sapeurs pompiers sous la direction de Serge Artzt. »

« C’est un couple passionné de danse folk qui est à l’origine de cette manifestation, dont il est le maître d’oeuvre. »

« Effectif, le remboursement des derniers emprunts, libéré la commune de toute dette »

« Il y a de grandes chances qu’un piéton qui marche s’arrête fréquemment devant et chez un commerçant » … Hum… Un piéton qui marche…

« De la neige immaculée et en quantité impressionnante, non seulement chacun a pu s’adonner à des descentes en luge vertigineuses ou chausser même pour une première fois les skis de fond pour une balade sous un magnifique soleil et ciel bleu. »

« Laurent, à peine plus agé que David Beckham, et qui assume avec aisance sa place en milieu de terrain est ce soir aux manettes » Cherchez le français dans cette phrase.

 » Les harengs, préparés sur place sont prêts, et en remplaçant (sur le banc de touche), le gigot à l’os est chaud à point. » Cherchez le français dans cette phrase.

« Sur la scène, le quatuor «Les Horizons», qui prend le nom de «Lustige Alsaesser» outre-Rhin, propose une musique de circonstance alternant les invites à danser et les poses pour apprécier le repas. Encore une belle soirée proposée par les footeux de Romanswiller. » Cherchez le français dans cette phrase.

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« Pour bon nombre de concitoyens, dès 8 h 30 c’était le rendez vous dans la cour de la mairie pour le rendez vous annuel du nettoyage du printemps organisé par la commune ». On ne dit jamais assez le mot RENDEZ-VOUS.

« Le club de foot avait en charge les abords de leur terrain et de l’Espace Pluriel. » Avoir en charge… OK

« La bonne dizaine de pêcheurs équipés de cuissardes n’a pas hésité d’entrer dans l’eau glacée pour retirer pneus, vélos, télé et autres. »

« La simple lecture de ce menu fait saliver, mais pour en bénéficier, il fallait être résident de la maison de retraite ! » Hé merde…

« Certains risqueront peut-être de se casser la voix avec leur casque audio vissé sur les oreilles »

« Jouez hautbois, résonnez musettes, il est né le nouveau CD des Musiciens du chœur » »

« Les poissons mordes à l’hameçon »

« Depuis quelque temps, la ville a fait connaître que «là commence le pays de la liberté» ou encore avec la présence de mannequins «Sans Culottes» aux endroits stratégiques. »

« Dans ce concert il y eut de la compétence et de la conviction et quand les deux sont réunis, c’est OK »

et du même auteur: « Dans une œuvre interprétée, les jeunes musiciens ont mêlé la voix et les gestes aux percussions: ce fut OK »

« Vendredi, l’ACCA de Moidieu-Détourbe organisait son concours de pétanque sur la place du village, assisté par les Amis de la pétanque à la table de marque. »

« D’une surface d’une cinquantaine de mètres carrés, des travaux d’aménagement et de mise en conformité, avérés nécessaires, ont été réalisés par une équipe de chasseurs et non chasseurs, bénévolement. »

Secousses sismiques

28 Mar

Samedi soir, la chaleur se cherchait à Marlenheim et se trouvait au Kobus, la taverne locale. Elle se consommait avec Sokan, un groupe de cinq percussionnistes du Burkina Faso.

Crédit: Delphine Jung

Crédit: Delphine Jung

Il y a quelque chose de fascinant à regarder Solo, Drissa, Issa, Fatoma et Adama frapper avec cette énergie leurs djembés, dunduns (sorte de batterie) ou leurs balafons. Il y a quelque chose d’impressionnant à les voir chanter en dioula, ce dialecte burkinabé. Il y a quelque chose de magique à les voir donner leur maximum au Kobus, samedi soir. C’est en boubous, pieds nus ou en babouche qu’ils entrent sur scène. L’un d’eux frappe fermement sur son djembé pour annoncer le début du concert. Les autres instruments suivent, tout comme les chants. Les mélodies sont répétitives, mais pas ennuyeuses. C’est la puissance captivante des percussions qui agit. Les cinq musiciens sont déjà à fond. Les gouttes de sueurs commencent à couler le long de leurs tempes. […]

Credit: Delphine Jung

Sur scène, c’est toute leur âme qui s’échappe en même temps que leur voix. Le public est impressionné par la vitesse à laquelle leurs mains claquent sur les peaux de chèvre ou de veaux tendues. Mais ils préfèrent intérioriser ces secousses sismiques. Deux jeunes femmes décident de se rapprocher des musiciens et de se laisser transporter par les rythmes percutants. Claudia est littéralement en transe. Les yeux fermés, elle dessine de grands arcs de cercle dans les airs et tourne sur elle-même en se déhanchant.

D. Jung

Credit: Delphine Jung

Credit: Delphine Jung

Lire l’article complet dans les DNA du lundi 18 mars – Pages locales de Molsheim-Obernai

Le réconfort comme remède

28 Mar

Derrière la porte des chambres d’hôpital, le rôle des aumôniers est crucial. Ils tentent d’accompagner le malade ainsi que sa famille et de répondre à leurs questions. Toutes les questions.

Crédit: Delphine Jung

Crédit: Delphine Jung

Mohamed Latahy ressemble à n’importe quel médecin du nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg. En réalité, il est aumônier musulman. Vêtu de la traditionnelle blouse blanche, floquée d’un petit macaron portant l’inscription de l’établissement, il déambule dans les couloirs.

« L’image archaïque de l’aumônier qui donne l’extrême-onction persiste »

Aux hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), ils sont salariés de l’établissement, bénévoles, comme Mohamed Latahy, ou encore mis à disposition par l’Église pour l’hôpital, comme Martin Wehrung, pasteur. Leur présence est discrète. Pourtant, leur rôle est essentiel pour beaucoup de souffrants, et de familles. « Malheureusement, l’image archaïque de l’aumônier qui donne l’extrême-onction persiste encore », relève Claude Spingarn, rabbin strasbourgeois, lui aussi homme d’écoute. Leur mission est en réalité beaucoup plus complexe.

« Les patients ont énormément de questions et ont besoin de réponses par rapport à l’après », explique Mohamed Latahy. Ce sont des personnes de confiance. De confidence. Dans les chambre, loin des regards, la maladie amène souvent son lot de questions. Religieuses d’abord: « Certains me demandent comment se place l’islam par rapport au don d’organes », poursuit Mohamed Latahy. Il se souvient également: « Une dame avait prévu de se rendre en pèlerinage à La Mecque, mais son état ne le lui permettait pas. Je lui ai expliqué que c’est l’intention qui compte ». Tant d’histoires qui sont le quotidien de ces accompagnateurs. François Howald, laïc engagé, témoigne: « Leurs questions sont relatives à la foi, ils se demandent où est Dieu dans toute cette souffrance qu’ils affrontent. »

Faire la différence entre spiritualité et foi

Mais la plupart des questions sont d’ordre spirituel et dépassent de loin la religion. « Il a une dizaine d’année, la foi et la spiritualité étaient confondues », avance Martin Wehrung. Une différence à faire désormais. Car pour les athées arrive aussi le temps où les interrogations surviennent, même si elles sont dénuées de sens religieux à proprement parlé. Pour certains patients la religion de l’aumônier présent importe d’ailleurs peu.

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 27 décembre – Pages régionales

Le vin de la patience

19 Mar

Vendredi dernier, Gérard Blaess, bien connu sous le pseudonyme de « Petit poucet », s’est lancé dans les vendanges tardives. Un risque que ne prennent pas tous les vignerons.

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Crédits: Delphine Jung

Le Petit poucet, malgré sa taille, n’a peur de rien. Il prend des risques. Comme celui d’attendre que son raisin arrive à maturation complète pour en récolter le nectar qui donnera un cru de vendanges tardives. « Cette année il fallait être patient parce que le temps s’est dégradé d’un coup, ce qui a bloqué la maturité du raisin. Beaucoup ont laissé tomber la vendange tardive, mais finalement, je trouve que ça a l’air pas mal. En plus, la cueillette est facilitée par les dernières gelées qui ont fait tomber les feuilles », s’enthousiasme Gérard Blaess, vigneron.

« Il faut que le réfractomètre indique au moins 16°C. La règle s’est durcie, avant c’était 15,3. Là le réfractomètre prévoit 17,5 °C, c’est bon signe »

Mais pour être sûr de sa valeur supposée, le plus petit vigneron d’Alsace doit vérifier la qualité du jus. Il saisit alors un bâton en bois et pique violemment le raisin qui remplit déjà quelques bassines. Il récupère ensuite les deux goutes qui tombent du bout de bois sur un réfractomètre. En regardant dans l’œilleton, une échelle indique la potentielle teneur en sucre du nectar. « Il faut que le réfractomètre indique au moins 16°C. La règle s’est durcie, avant c’était 15,3. Là le réfractomètre prévoit 17,5 °C, c’est bon signe », explique le vigneron.

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Les vendanges peuvent donc continuer en toute sérénité. Dans les lignes, la famille donne un coup de main. Le travail est minutieux, mais les coups de sécateurs sont sûrs, francs. Les vendangeurs doivent faire attention aux grains qui peuvent éventuellement tomber. « Ce sont ceux qui sont le plus concentrés en sucre », rappelle Gérard Blaess. Il veut le meilleur pour sa cuvé de pinot gris vendanges tardives. Une fois les seaux pleins, il les recueille et les déverse une nouvelle fois dans d’autres bassines. Une fumée s’en dégage. Il prend en main une grappe et raconte: « C’est ce qu’on appelle le grain noble »

Plus les grains de raisins sont flétris, mieux c’est. Les grappes sont parsemées de pourriture grise. « C’est ce qui donne ce caractère noble au fruit, mais il y en a un peu moins cette année », avoue le producteur. Pour lui, la récolte sera de toute façon moins importante que pour les autres vignerons. Le Petit poucet ne dispose que de 9 ares de vigne.

D. Jung

La suite à lire dans les DNA du 15 novembre – Pages locales de Molsheim-Obernai